Paroles de poilus

Publié le par clarac

Paroles de poilus

Librio France Bleu

ISBN : 978-2-290-33534-5, 188 pages.

 

Je reprends l’exposé de mes lectures avec ce titre particulier que j’ai lu dans des circonstances particulières. Ce dernier m’a accompagné cette année 2008 et 2009 dans mes tranchés à moi, à l’assaut des salles d’attente des hôpitaux, des épreuves des examens, de l’exigence du corps médical et de l’incapacité des lignes arrière à comprendre. Et auxquels, comme ces poilus ; je mens pour les rassurer, les épargner tout en ayant sur moi cette lucidité sur la réalité, comme ces poilus sur la guerre. Mais la comparaison s’arrête là.

 

C’est avant tout l’historien qui s’est intéressé à ce livre qui, sous la direction de Jean-Pierre Guèno et Yves Laplume, nous restitue les témoignages authentiques des poilus. Au travers de leurs correspondances et de leurs journaux intimes rassemblés par France Bleu, un travail de sauvetage, bien nécessaire, de témoignages à l’heure où le dernier témoin nous quittait. Un historien qui, dans un premier temps voulait traiter cet ouvrage comme une source, avec un regard neutre et une lecture technique. Au final, c’est surtout l’auteur et l’homme qui ont lu toutes ces correspondances, ces brèves, avec émotion.

Découpé en saisons, et non selon un parcours chronologique, c’est rassemblé, en florilèges saisonnier, du premier été au dernier automne que les poilus nous livrent leurs intimités. Tous les poilus, allemand aussi, car au final, bien que les individualités fussent effacées, les identités résumées au seul poilu, la nationalité elle-même s’évapore car en cet enfer, dans la poitrine sacrifiée du poilu battait toujours un cœur et une âme humaine tant soumise à contraintes qu’elle en devenait diamant.

Ce qui peut surprendre, c’est l’incroyable lucidité de ces hommes qui se savaient devenir Bête, de la démesure de l’horreur, de cet enfer sur Terre, et l’acceptation de s’y livrer… C’est le mensonge permanent aux familles qu’on rassures, à qui ont édulcore la réalité de l’horreur, à qui on minimise le danger. C’est l’arrivée en permission à l’arrière, et le constat, le contraste surréaliste entre le poilu et les autres, au point de préférer retourner dans la boue et le sang…

Comme il y aurait trop à dire tant chaque témoignage qui compose ce collier de perles d’âme humaine forgé en enfer est intense, je vous laisse juger par vous-même.

Ce livre intéressera sans aucun doute tout lecteur sensible à l’humanité.

Sébastien CLARAC

Publié dans mes lectures

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article